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Characters in Rutherford's life

Margaret Ashton 1908.jpg

Margaret Ashton (1856-1937)

   Ernest Rutherford's involvement in the defense of women's rights was not limited to his laboratory or his friendships with Marie Curie or Harriet Brooks : he was also active in feminist associations and in particular served as vice-president of the Manchester Society for Women's Suffrage and the Mancunian branch of the Men's League for Women's Suffrage (probably a role more honorary than concrete).

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    In addition, among the various events in which he participated following the award of his Nobel Prize in December 1908, was a conference organized on January 22, 1909 in Manchester by the North of England Women's Suffrage Society, chaired by Margaret Ashton. There was another dinner on November 2, 1909, at which Ernest attended but did not preside. He was accompanied by Arthur Schuster, whose progressive and feminist ideas were comparable to his own.

and feminist ideas were comparable to his.

Pictures:

Annie_Kenney_and_Christabel_Pankhurst.jp

      To introduce you to Margaret Ashton, Rutherford's ideas and the context of the time in the field of women's rights, I have chosen to present an excerpt from the second volume of my novel, Chercher le principe même du monde (i.e. "Seeking the World's Principle").

     Of course, other personalities were active at the time. You will find some of their names below. And perhaps you will discover, as I did while writing this passage, the difference between suffragists and suffragettes. 

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     Un autre évènement – et une autre preuve de la notoriété croissante d’Ernest – fut l’invitation qui lui fut adressée pour présider une réunion de la North of England Women’s Suffrage Society – une réunion au cours de laquelle il ne parlerait absolument pas de radioactivité ou de particules alpha, puisque le thème de ce rassemblement, comme pouvait le laisser supposer le nom de l’association, serait le droit de vote des femmes – et plus spécifiquement dans le cadre des élections à la chambre des communes.

     La North of England Society était dirigée par une quinquagénaire du nom de Margaret Ashton, impliquée depuis de nombreuses années dans la défense des revendications féministes, et conseillère municipale de Manchester depuis un an. Cette étape était une première victoire cruciale et surtout un symbole de la stratégie privilégiée par Miss Ashton. Elle basait en effet son action depuis toujours sur l’utilisation de moyens respectueux de l’ordre et des règles constitutionnelles. Elle suivait en cela les fondements de l’organisation dont son groupe dépendait, la NUWSS, ou National Union of Women's Suffrage Societies, fondée et dirigée depuis plus de dix ans par une maîtresse femme du nom de Millicent Fawcett, elle-même imprégnée de principes pacifiques.

     Ashton et Fawcett se différenciaient ainsi nettement de certaines autres militantes, adeptes de méthodes plus radicales, telles que cette famille mancunienne, désormais nationalement connue, les Pankhurst : Emmeline, la mère, était en effet épaulée par ses trois filles, Christabel, Sylvia et Adela. La démarche très différentes des Pankhurst s’étaient d’ailleurs concrétisée en 1902 par la création du Women's Social & Political Union, un mouvement dissident de la NUWSS, et dont le slogan était clair : « des actes, pas des mots ! »

Millicent Fawcett 1900.jpg
emmeline-and-christabel-pankhurst.jpg

     Les troupes d’Emmeline Pankhurst, désignées par le vocable de « suffragettes », jugeaient sévèrement le manque de combativité des « suffragistes » de la National Union. Selon elles, cette mollesse expliquait grandement le fait que rien n’avait changé malgré les années d’engagement de Millicent Fawcett.

    Ce nom, Ernest pensait l’avoir déjà entendu. Comme il s’en ouvrit auprès de Margaret Ashton alors qu’elle terminait de lui exposer ses activités et le fonctionnement de son organisation, elle  lui confirma que cette impression était justifiée. Millicent Fawcett était bien la mère d’une personne que connaissait le professeur Rutherford : Phillipa Fawcett, elle-même membre de la NUWSS... et ancienne étudiante de J. J. Thomson à Cambridge.

   Même si elle avait travaillé au laboratoire Cavendish près de cinq ans avant Ernest, sa réputation de mathématicienne n’avait pas faibli quand le jeune néo-zélandais avait débarqué. Philippa Fawcett était en effet exceptionnellement brillante dans son domaine – ce qui constituait un troisième point commun entre eux, en plus de leur idée sur le rôle des femmes et leurs liens avec J. J..

     La principale différence entre Philippa Fawcett et Ernest Rutherford était que cette intelligence supérieure avait permis au jeune homme d’obtenir des diplômes et de bâtir par la suite une carrière scientifique – et de décrocher un prix Nobel. Philippa, elle, n’avait pas bénéficié de cette reconnaissance : en 1890, alors qu’elle avait surpassé tous les autres candidats inscrits aux examens de mathématiques de Cambridge, elle s’était vu refuser de voir son nom inscrit à la première ligne du classement. Et c’est le concurrent masculin placé derrière elle – avec un écart de points de treize pour cent – qui avait été désigné meilleur étudiant en mathématiques. Cela découlait d’une logique réellement imparable : l’université autorisait généreusement que les jeunes femmes participent aux examens, mais refusait toujours de leur conférer des diplômes ; cela n’aurait donc servi à rien de comptabiliser les résultats de ces demoiselles avec ceux des garçons. Philippa Fawcett gagna de ce fait l’appellation étrange de candidate « au-dessus du meilleur ». Cela ne valait rien ; et constituait juste une raison supplémentaire pour les féministes de continuer à se battre.

Philippa Fawcett in 1891 in Newnham Coll
NUWSS - Frances Balfour Millicent Fawcet

     Le 22 janvier  1909, Ernest prit donc la parole, à la demande de Margaret Ashton, dans la salle commune de Rusholme, un quartier situé entre Withington, son lieu de résidence, et l’université. Il apportait sa pierre à la défense des droits de Philippa Fawcett et de ses sœurs de combat.

    « Mesdames et messieurs, tonitrua-t-il, imposant à l’assemblée un silence subit, les membres de la North of England Society appartiennent à un groupe actif qui s’efforce d’obtenir ce qu’il désire par une propagande pacifique – ce qui ne veut pas dire que je souhaite exprimer la moindre opinion sur d’autres groupes... »

    Ce sous-entendu déclencha un grand éclat de rire d’un bout à l’autre de la salle. Après avoir capté l’attention de l’auditoire, Ernest n’avait pas mis longtemps à s’attirer sa sympathie.

   « Ce pays, continua-t-il, est foncièrement conservateur, lent à évoluer, et il n’est pas étonnant de voir quelques femmes qui ne voient pas ce sujet du même œil que d’autres femmes. Il est tout à fait naturel que la Ligue Anti-Suffragiste ait été formée et c’est certainement un indice qui prouve que les femmes réfléchissent sérieusement à ce sujet.

   « Je suis né et j’ai été élevé en Nouvelle-Zélande et je me souviens très bien quand le droit de vote a été donné aux femmes par la chambre des représentants. Avant que cela arrive, on pouvait voir dans la presse qui s’y opposait des articles similaires à ceux qui apparaissent dans la presse d’opposition anglaise actuellement. Ceux qui les écrivaient étaient tous experts de ces choses terribles qui se produiraient après l’attribution du droit de vote aux femmes. Ce fut très amusant de voir comment la suite démontra à quel point leur vision des choses était erronée .

Rusholme Tram Stage Wilmslow Road 1910.j

   « La première occasion où les femmes purent exercer ce droit nouveau fut l’une des journées les plus paisibles qu’ait connu la Nouvelle-Zélande. La maîtresse de maison, après avoir concocté le petit-déjeuner de son mari et envoyé ses enfants à l’école, eut le temps d’aller faire son marché, de se rendre au bureau de vote et d’être de retour avant que son mari rentre pour le dîner. »

Nouveau rire de l’assemblée.

   « Il est intéressant, reprit Ernest, de mentionner une conséquence particulière de l’obtention du droit de vote par les femmes néo-zélandaises. Au tout début, le pourcentage de voix féminines dépassa largement celui des voix masculines. Cela réveilla les hommes qui furent bien plus nombreux à se déplacer pour l’élection suivante. De toute évidence, les votantes avaient ranimé chez leurs maris la notion de citoyenneté.

     « Sur le plan de l’équilibre des partis, le vote des femmes ne changea pas grand chose. Cependant, la possibilité qui leur était donnée fit évoluer la législation dans des domaines qui leur étaient chers, tels que, par exemple, les réformes permettant la lutte contre l’alcoolisme. Le vote fut aussi un outil pour supprimer certains obstacles dont souffraient les femmes.

   « Le vote des femmes n’est donc pas quelque chose de tellement nouveau. La Nouvelle-Zélande a montré la voie, puis la majorité des états australiens lui ont emboîté le pas. Ce n’est qu’une question de temps avant que les îles britanniques suivent l’exemple de leurs sœurs d’au-delà des mers ».

Sources:

Rusholme Wilmslow Road 1910.jpg

   Un feu nourri d’applaudissements accueillit cette prophétie. Ernest regagna son siège avec la fierté d’avoir accompli ce qu’on attendait de lui. Margaret Ashton attendit que cet enthousiasme se calme pour prendre la parole. Elle revint à des considérations moins générales, citant des exemples concrets de l’injustice dont les femmes étaient victimes : les écarts de salaires ou une législation inadaptée, rédigée et débattue uniquement par des hommes, même lorsque les questions abordées concernaient directement les femmes – ce qui étaient le cas de la réglementation du métier de sage-femme, entrée en vigueur en 1902, ou de la charte de l’enfance, votée en 1908, toutes deux aussi discutables l’une que l’autre.

    Ernest ne savait pas trop en quoi consistait ces lois, ni quels reproches il était possible de leur faire. Mais il gardait pourtant la conviction que les choses devaient évoluer – et que l’Angleterre était vraiment à la traine par rapport à ses colonies. Il aurait eu pourtant d’autres exemples à fournir, touchant aux domaines dans lequel il évoluait. Même si l’Université de Manchester était moins rétrograde que d’autres établissements britanniques, les carrières scientifiques offertes aux femmes restaient parsemées d’embuches. Il espérait que l’émancipation qu’elles appelaient de leurs vœux influencerait aussi ce domaine. Et qu’il cesserait de perdre des talents à chaque fois qu’une des chercheuses de son laboratoire déciderait de se marier. 

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