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Les lieux habités ou visités par Rutherford

Place de Brouckère, Bruxelles, au début du XXè siècle © KIK-IRPA,

Bruxelles (Belgique)

La position centrale de Bruxelles en Europe explique sans doute pourquoi elle fut (et est encore) choisie pour de nombreuses manifestations internationales, scientifiques ou non. Mais une autre raison justifie les fréquentes visites d'Ernest Rutherford dans la capitale belge : la passion de l'industriel Ernest Solvay pour la science. 

Visites de Rutherford à Bruxelles

1910 : congrès de radiologie

1911 : congrès Solvay

1912 : institut de physique Solvay

1913 : congrès Solvay

1921 : congrès Solvay

1924 : congrès Solvay

1933 : congrès Solvay

Images 

  • Photo de la Place de Brouckère, Bruxelles, au début du XXè siècle. © KIK-IRPA,

  • Affiche de l'Exposition universelle de Bruxelles de 1910 par Henri Cassiers

  • Bruxelles, plan ancien du Centre par Kiessling et Imbreghts, source : Harvard University

1910 : Congrès international de radiologie et d’électricité

Dans le cadre de l'Exposition internationale qui se tient à Bruxelles d'avril à novembre 1910, un congrès scientifique est organisé pour échanger sur les dernières évolutions dans le domaine de la radioactivité et de ses applications, tant pour la recherche que pour la médecine.

500 scientifiques sont réunis pour l'occasion. Ils représentent plus d'une vingtaine de pays, essentiellement Européens, mais on compte aussi cinq japonais, dont Hantarō Nagaoka, un américain, qui n'est autre que Bertram Boltwood, ami de Rutherford, et un chercheur de l'université McGill de Montréal, anglais de naissance, mais choisi pour représenté le pays dans lequel il exerce. Il s'agit d'Arthur Stewart Eve, ancien collègue et ami (lui aussi) de Rutherford et qui deviendra son biographe officiel.

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Radiologie 1910

Les autres personnalités dont les noms sont encore connus à notre époque (surtout en France) sont Marie Curie, Paul Langevin et Jean Perrin. 

L'ouverture du congrès se déroule dans la Salle des Fêtes de l'exposition, installée à l'orée du bois de la Cambre (sud-est de la ville).​

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La suite des débats, organisés en différentes sections, a lieu dans les bâtiments de l'université libre de Bruxelles, au centre de la ville, entre le Palais Royal et la cathédrale Ste-Gudule.

Une soirée au Théâtre de la Monnaie est prévue, pour assister à une représentation de Manon, de Jule Massenet. À cette occasion, Marie Curie et Ernest Rutherford sont assis côte à côte. Ils quittent la salle à l'entracte : Marie Curie, malade, a souhaité rentrer se coucher. Ernest Rutherford la raccompagne à l'Hôtel du Grand Miroir, situé rue de la Montagne.

Le congrès, malgré quelques interventions valables, sera globalement une catastrophe, du fait d'une organisation déplorable. 

Il en ressortira cependant la création d'une Commission Internationale des étalons du radium, indispensable pour disposer d'une référence pour toutes les activités nécessitant l'usage de matières radioactives. 

Sources

1911 : Premier Congrès de Physique Solvay

Solvay 1911

    Évènements scientifiques réunissant les figures majeures de la physique et de la chimie, les congrès Solvay sont nés de la volonté de deux hommes : l'Allemand Walther Nernst et le Belge Ernest Solvay.

Walther Nernst 1906.jpg

Walther Nernst (1864-1941)

& Ernest Solvay (1838-1922)

Sources : nernst.de & Wikipédia

   Le premier, physicien et chimiste et directeur de l'Institut de chimie physique de l'Université de Berlin, rêvait de pouvoir rassembler ses confrères les plus éminents ou les plus prometteurs, mais ne disposait pas des moyens financiers nécessaires. Il trouva un allié en la personne de Robert Goldschmidt, un bruxellois qu’il avait eu comme élève à Göttingen. Or Goldschmidt avait aussi travaillé avec l'industriel belge Ernest Solvay.

Ernest Solvay in the 1900s.jpg

  Ce dernier avait fait fortune grâce à un procédé de production de soude, utilisé partout dans le monde (y compris, bien sûr, dans ses propres usines, en Belgique ou en France). Il était désireux d'investir son argent dans le développement des sciences. 

    Goldschmidt mit en contact le physicien allemand et l’industriel belge. Ils avaient alors convenu que le magnat de la chimie paierait tous les frais liés à la conférence, tandis que le professeur berlinois en assurerait l’organisation.

    Ce fut donc l’Allemand qui établit la liste des participants pressentis et rédigea la lettre d’intention jointe à l’invitation expédiée (confidentiellement) à la mi-juin 1911. Il proposa aussi le néerlandais Hendrik Lorentz pour présider les débats. 

    Ce dernier avait le profil parfait pour ce rôle, non seulement parce qu'il était polyglotte et doué d'un vrai talent diplomatique, mais également parce qu'il était lui-même un spécialiste des quanta. Or, le thème défini pour cette première conférence scientifique était : "La théorie du rayonnement et des quanta".

   Les premiers participants se retrouvèrent le 29 octobre 1911 à l'Hôtel Métropole, place de Brouckère, à Bruxelles.

Bruxelles - Place de Brouckère - Hotel M

   Les échanges furent évidemment d'une très haute tenue. Le compte-rendu en fut établi par deux participants français, Paul Langevin and Maurice de Broglie, et publiés l'année suivante, sous le titre : "La théorie du rayonnement et les quanta. Rapports et discussions de la réunion tenue à Bruxelles, du 30 octobre au 3 novembre 1911, sous les auspices de M. E. Solvay."

   Le texte complet est accessible sur le site Archive.org

  Ce rassemblement fut aussi immortalisé par la photographie ci-dessous, sur laquelle apparaissent plusieurs personnages mentionnés dans ce site : 

Ernest Rutherford, bien sûr, quatrième homme debout, en partant de la droite, non loin de Paul Langevin et Albert Einstein (1er et 2è dans la même rangée), lequel Einstein évoqua par la suite cette rencontre comme un "sabbat de sorcières". 

   Marie Curie est facilement identifiable : elle fut la seule femme présente à ces congrès pendant 20 ans. Mais ce ne fut pas le pire.

   En effet, cette conférence fut un réel succès et permit de lancer une tradition de coopération internationale autour des idées les plus novatrices en matière de science. Mais pour Marie Curie, les dernières heures passées en Belgique furent une véritable épreuve.

Bruxelles - Hotel Métropole - Jardin d'H
La théorie du rayonnement et les quanta

Vue de la place de Brouckère vers 1905 (l'Hôtel Métropole est le bâtiment le plus large et le plus clair dans la rangée de droite).

Source : CarFree.com

Intérieur de l'Hôtel Métropole

(Jardin d'Hiver)

Source : Hervé Vanden Haute, architecte (autres images de l'hôtel sur le site)

1911_Solvay_conference.jpg

La vidéo ci-dessous, établie par l'Université Libre de Bruxelles, département Bibliothèques & Information Scientifique, explique les rôle de chacun, ainsi que l'évolution des relations entre des participants issus de divers pays européens qui, seulement trois ans plus tard, entreront en guerre les uns contre les autres. 

   Marie quitta Bruxelles précipitamment et mit des mois à se remettre de l'affaire "Langevin-Curie". C'est Ernest Rutherford qui lui expliqua par écrit les dernières avancée du congrès Solvay. Cependant, avant de poster sa lettre, il découvrit dans le journal une nouvelle qui lui fit ajouter une feuille supplémentaire dans l'enveloppe à destination de sa consoeur parisienne : il tint en effet à lui adresser ses plus sincères félicitations pour l'attribution de son second prix Nobel - qui était le premier qu'elle recevait à part entière, sans le partager avec son défunt mari. 

Ce n'était que quelques mots, mais Marie elle-même, avant de s'enfuir de la capitale belge n'avait-elle pas écrit un rapide message à l'attention d'Ernest ? Malgré les bouleversements qu'elle connaissait, elle avait tenu à le remercier pour sa gentillesse et son soutien.

Le Petit bleu du matin - 05-11-1911 - Af

    Mais revenons aux épreuves qui débutèrent pour Marie Curie vers la fin de ce colloque scientifique. 

 

    Sans rentrer dans les détails, pendant que Marie Curie et Paul Langevin parlaient de science en compagnie des plus grandes sommités du moment, la presse parisienne dévoilait la liaison que les deux savants français entretenaient depuis plus d'une année. Langevin trompait sa femme (qui lui menait la vie dure), et cette attitude lui fut reprochée ; mais c'est surtout Marie, cette "étrangère briseuse de couple", qui fut attaquée avec le plus de véhémence possible, insultée, traînée dans la boue et, surtout, conviée à "retourner dans son pays". Mais son pays était la France : c'est là qu'elle avait obtenu son doctorat, fait ses plus grandes découvertes et connu l'amour de sa vie, Pierre Curie. 

Article paru en première page du journal Le Petit bleu du matin (Bruxelles) le 5 novembre 1911

(l'un des rares journaux à prendre la défense de Marie Curie).

Source : Bibliothèque royale de Belgique (En cliquant sur le lien, vous accèderez à la totalité de l'édition de ce jour et vous pourrez zoomer pour lire l'article complet).

Sources

1912 : Réunion fondatrice de l'Institut de Physique Solvay

Solvay 1912
Conseil Solvay 1912 - première page du c
Conseil Solvay 1912 - première page du c

1913 : Deuxième Congrès de Physique Solvay

Solvay 1913
Deuxième Conseil de physique Solvay 1913
Deuxième Conseil de physique Solvay 1913

Personnalités décrites sur ce site :

De gauche à droite :

Debout : Ernest Rutherford - William Henry Bragg - Paul Langevin

Assis : Joseph John Thomson - Marie Curie - Hendrik Lorentz - Albert Einstein

Deuxième Conseil de physique Solvay 1913

Source : Instituts Internationaux de Physique et de Chimie Solvay et Benjamin Couprie,

“Deuxième Conseil de physique Solvay, photographies de groupe (1) & (2),” 

The Solvay Science Project, ©Solvay Institutes, ©Archives ULB 2020, 

À suivre...

1921 : Troisième Congrès de Physique Solvay

Solvay 1921

1924 : Quatrième Congrès de Physique Solvay

Solvay 1924

1933 : Septième Congrès de Physique Solvay

Solvay 1933
Solvay Conference 1933.jpg
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