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Les lieux habités ou visités par Rutherford

Le cheval et la calèche de M Grant sur l

Montréal (Canada)

Recruté en 1898 par l'Université McGill de Montréal comme enseignant de physique, Ernest Rutherford y restera jusqu'en 1907. 

Il y fera ses premières découvertes majeures dans le domaine de la radioactivité. 

Elles lui vaudront l'attribution du Prix Nobel de Chimie en 1908

Les logements de Rutherford à Montréal

Logements

Séjours de Rutherford à Montréal

1898-1907 : y vit et y travaille

1909 : visite suite au congrès de Winnipeg

1914 : visite

....

À son arrivée à Montréal, le mardi 20 septembre 1898, Ernest est hébergé par le doyen de la faculté des Sciences, Henry Bovey. 

La maison de ce dernier a été construite par Andrew Thomas Taylor, l'architecte à l'origine de nombreux bâtiment de l'Université McGill, dont le Macdonald Physics Building où exercera Rutherford.

La résidence de Bovey portait le nom de "Sunnandene" et se situait au 31, Ontario avenue, sur les pentes du Mont-Royal (aujourd'hui avenue du Musée).

Il s'agit d'une maison jumelée (la partie la plus proche appartenait à Frederick Redpath, un autre notable montréalais). 

Source : Musée McCord

Frederick Redpath house - Ontario Avenue

Le lundi suivant, le 26 septembre, Ernest prendra un logement "avenue McGill College", en compagnie d'un autre enseignant de l'Université : Ernest William MacBride. Ce zoologiste irlandais, cinq ans plus âgé que Rutherford, débute lui aussi au Canada. Les deux hommes se sont connus lors de leur traversée de l'Atlantique : ils ont partagé la même cabine du Yorkshire, de Liverpool à Montréal... et ont enduré ensemble une navigation agitée.

Un certain James Wallace Walker, chimiste, viendra compléter le duo de célibataires logés à cette adresse. 

Ernest quittera cette "co-location" en 1900, au moment où il retournera en Nouvelle-Zélande pour se marier. 

Le nom de leur logeuse n'est mentionné dans aucune des biographies de Rutherford que j'ai pu lire. Cependant, le recensement de Montréal de 1901 (juste après le départ d'Ernest) fait apparaître Ernest McBride à la même adresse que deux autres hommes (qui ne sont plus Rutherford ni Walker) et une femme plus âgée (45 ans) du nom de Mary Williams. 

La profession de Mrs Williams étant « housekeeper » (= gouvernante), je me suis permis d'imaginer que c'était chez elle qu'Ernest Rutherford avait vécu ses deux dernières années de célibat. Mrs Williams apparait donc dans mon roman.

Après son mariage, Ernest emménagera dans une maison située 157 rue Sainte Famille (actuellement au numéro 3702), avec son épouse, May.

Leur fille Eileen y viendra au monde le 30 mars 1901.

(Sur l'image ci-jointe, issue de Google map, il s'agit de la toute première maison à droite de l'arbre planté sur le trottoir). 

Montréal - 3702 rue Sainte Famille en 20
Montréal - Situation des lieux liés à Er

Situation des principaux lieux de Montréal liés à Ernest Rutherford

1 : Pavillon de physique de l'Université McGill (Macdonald Physics Building)

2 : Avenue Ontario (maison d'Henry Bovey)

3 : Avenue McGill College : pension où Ernest a résidé de 1898 à 1900

4 : 157 rue Sainte-Famille (selon l'Annuaire Lovell de Montréal 1902-1903 - Street Directory, mais 152 selon John Campbell) qui indique que cette maison est aujourd'hui numérotée 3702).

(Pour les points 2 et 3, les adresses précises ne sont pas connues)

Extrait d'un plan de 1898. Il a été tourné de 90°  dans le sens des aiguilles d'une montre par rapport à la réalité : le Mont-Royal, situé à l'ouest normalement, est placé à la limite supérieure de l'image ; le fleuve Saint-Laurent, situé à l'est, est vers le bas du plan.

Sources

À suivre...

Son lieu de travail : le Macdonald Physics Building

Lieu de travail
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Extrait de ​Rutherford and the nature of the atom, par Edward Neville da Costa Andradepage 57.

  Le laboratoire de physique - «le meilleur du genre au monde», commenta Rutherford - était très bien équipé en appareils et généreusement financé par un millionnaire du nom de Sir William Macdonald, qui était un personnage étrange.

  Bien que très riche, il vivait avec 250 £ par an, en conséquence de quoi il pensait que les professeurs devraient être à l'aise avec 500 £ sur un an, qui était le salaire qu'ils percevaient tous à McGill. Macdonald, un marchand de tabac en gros qui avait fait tout son argent avec le tabac « payable avant la livraison», détestait le fait de fumer, qu'il considérait comme une habitude dégoutante.

  A. S. Eve, qui a travaillé avec Rutherford à McGill et qui est ensuite devenu professeur de physique là-bas, raconte comment un jour de 1903 Rutherford est entré dans son bureau essoufflé en disant: «Ouvrez les fenêtres, rangez vos pipes, cachez votre tabac». A la réponse: "Très bien, mais quel est le problème?" il répliqua: «Dépêchez-vous! Macdonald fait le tour du laboratoire".

  Pourtant, c'est le tabagisme qui a permis d'équiper le laboratoire et de fournir des choses telles qu'une machine à air liquide et de l'argent pour l'achat de bromure de radium et d'autres équipements de luxe pour le laboratoire, au fur et à mesure qu'ils s'avéraient nécessaires.  

  Le titre de Rutherford et celui de ses successeurs à McGill était celui de "Professeur de physique Macdonald ".

Le Macdonald Physics Building (actuellement bibliothèque Macdonald-Stewart du campus de l'université McGill)

Source : "Virtual McGill"

sir william macdonald.jpg

Sir William Christopher Macdonald (Source : "Université McGill : histoire du collège Macdonald"

The Macdonald Physics Building entrance.
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L'équipe du Macdonald Physics Building en 1899

Ernest Rutherford est complètement à droite ; Harriet Brooks est au centre.

Source : AIP

L'aspect actuel du portique où a été prise la photo de l'équipe en 1899

Montreal MacGill Campus Winter 1900 - fr
Montreal McGill Campus - Lower part 1946

Amphithéâtre, MacDonald Physics Building, 1893

Source : Musée McCord

Campus McGill vers 1900

Source : McGill Yearbook 1898, pages 30-31

  • Les bâtiments sur la partie gauche sont la Redpath Libray et le Redpath Museum

  • Dans l'axe de l'avenue centrale se tient le département des arts

  • Sur la droite s'alignent les départements de physique, de chimie et d'ingénierie. Seul le premier (le Macdonald Physics Building) est clairement visible, avec son clocheton et sa tourelle. 

Source du plan : Bibliothèque de McGill, article de blog "Futurs étudiants de médecine, bienvenue à McGill!", 22 décembre  2017 par Tim Klähn

Lecture theatre MPB McGill University 18

Les autres sites montréalais

Autres sites

Windsor Hotel

En novembre 1904, Ernest Rutherford se voit décerner la médaille Rumford, la plus haute récompense accordée à un chercheur par la Royal Society

 

Depuis 1800, date d’attribution de la première médaille — au comte de Rumford lui-même —, celle-ci avait récompensé notamment Michael Faraday, James Clerk Maxwell, Louis Pasteur ou encore, plus récemment, James Dewar, Oliver Lodge, William Huggins, ainsi que les Français Hippolyte Fizeau et Henri Becquerel, le suédois Anders Ångström et les Allemands Heinrich Hertz, Wilhelm Röntgen et Philipp Lenard.

Une telle reconnaissance de ses travaux valut à Ernest des lettres de félicitations de toutes ses connaissances, en Angleterre, en Nouvelle-Zélande, mais aussi, évidemment, au Canada : ses collègues des départements de médecine ou de chimie lui adressèrent de chaleureux messages, ses étudiants (dont la majorité ne comprenaient rien à ses cours et préféraient faire la foire dans les amphithéâtres) lui firent une haie d'honneur quand il arriva au Macdonald Physics Building un matin, et le conseil d'administration décida d'organiser un dîner pour le fêter.

Dominion_Square_and_Windsor_Hotel,_Montr

Une autre anecdote à propos du Windsor concerne Otto Hahn et un autre chercheur allemand en résidence à Montréal au même moment. Ni l'un ni l'autre n'avait pourtant les moyens de dîner dans ce palace. Ce que décrit justement cett extrait de "Otto Hahn and the Rise of Nuclear Physics", par William R. Shea, page 9.

Hotel Windsor intérieur musee mccord.jpg

L'idée était de réunir pour cette soirée les plus proches collaborateurs de Rutherford et quelques personnalités de haut rang de l'université ; dix ou vingt personnes tout au plus. William Macdonald, le bienfaiteur de l'établissement, exprima clairement son désaccord avec ce projet. Rutherford expliqua lui-même la situation ainsi :

"Lorsque sir William Macdonald a entendu parler de ces plans, il a offert de financer l'ensemble du spectacle pour autant de personnes que l'Université souhaitait. Après tout, déclara-t-il, c'était son bâtiment de physique et son professeur et il allait le faire avec style. La liste des invités a grimpé à 120."

Pour accueillir tout ce beau monde, et le faire "avec style", Macdonald jeta son dévolu sur le Windsor, l’hôtel le plus majestueux de Montréal et sans doute de tout le Canada. Colonnes de marbre, plafond à caissons, lustres en cristal, tables abondamment fleuries et luxueusement couvertes d'argenterie et de porcelaine fine, sans oublier l'élégance des participants et l'orchestre prévu pour jouer en l'honneur d'Ernest. Un décor assez éloigné de la campagne néo-zélandaise où le nouveau médaillé avait grandi. 

La description donnée par Ernest est issue d'une lettre qu'il écrivit à sa femme le 11 décembre 1904 : en effet, à ce moment-là, il était seul à Montréal, puisque May était partie en Nouvelle-Zélande pour présenter à la famille la huitième merveille du monde, à savoir leur fille Eileen. 

Deux autres phrases écrites par Ernest dans une autre lettre à May et dans un message à sa mère, Martha Rutherford, méritent d'être rapportées ici :

Concernant l'accueil qu'il a reçu de ses étudiants à l'entrée du laboratoire :

"Mon chapeau, cependant, reste toujours aux mêmes dimensions. "

Et en conclusion de son rapport à sa mère de la soirée au Windsor :

"Bien sûr, je ne me suis pas trop amusé car j'ai dû faire bonne figure pendant trois heures alors qu'on me lançait des discours décrivant mes vertus. "

Sources :

 

Images :

  • Dominion Square et hôtel Windsor vers 1890 ; source : Wikipédia

  • Salle à manger, hôtel Windsor, 1916 ; source : Musée McCord

La vie à Montréal était peu coûteuse. Une chambre avec petit-déjeuner et dîner pouvait être prise pour 5 dollars par semaine, et le déjeuner à l'université coûtait 25 cents. Mais Hahn et son ami Max Levin ont constaté que les repas à la pension fournissaient à peine l'énergie nécessaire à un étudiant chercheur, alors ils se sont fait un devoir de dîner à l'hôtel Windsor, alors le meilleur de la ville, tous les dimanches. Cela leur a coûté un dollar chacun. Après un certain temps, Hahn et Levin ont décidé d'économiser sur la nourriture, mais ils ne voulurent pas abandonner leur bière du dimanche soir. Au moment de commender, ils se virent répondre que les boissons alcoolisées ne pouvaient pas être servies sans nourriture. "Que diriez-vous de commander un sandwich au jambon?" suggéra le serveur. Ils s'exécutèrent et le serveur prit un sandwich, légèrement jaune avec l'âge, sur une table voisine et le leur apporta avant d'aller chercher leur bière. Les deux scientifiques allemands regardèrent avec amusement "leur" sandwich passer ensuite  de table en table à mesure que de nouveaux clients arrivaient.

Autre source : Otto Hahn : Autobiographical Notes, In Bulletin of the Atomic Scientists march 1967 »

Côte des Neiges

 En 1905, Ernest et May achetèrent un terrain dans le village de Côte-des-Neiges, à l'ouest du Mont-Royal, une zone qui était encore en dehors de la zone urbanisée. 

Son projet était d'y bâtir une maison, de manière à permettre à la petit Eileen de grandir en dehors de la pollution de la ville. May, pour sa part, aurait apprécié de disposer d'un jardin, plutôt que de la courette de leur maison de la rue Sainte-Famille.

Mais Ernest quitta le Canada deux ans plus tard et la maison de Côte-des-Neiges ne sortit jamais de terre.

Finalement, après avoir demandé à Arthur Stewart Eve de gérer ses affaires et de lui trouver un acquéreur, ce fut celui-ci qui acheta le lopin de terre en 1911.

Bétail sur le chemin de la Côte-des-Neig

Dans la correspondance entre Rutherford et Eve apparaissent quelques détails concernant cette parcelle : elle se situait sur Cedar Crescent, mesurait 24,000 pieds carrés, Ernest l'avait payée 3600 $ et Eve l'avait rachetée 4500 $. IL avait fourni lui-même à Ernest les éléments pour justifier cette augmentaiton de la valeur du terrain, liée au développement de Côte-des-Neiges. Dans la biographie de Rutherford écrite par David Wilson, il est précisé que le terrain avait une belle vue sur le lac des Deux Montagnes, à la confluence entre la rivière Ottawa et le fleuve Saint-Laurent.

Sources :

  • Rutherford.org.nz, site de John Campbell 

  • Rutherford, Simple Genius, David Wilson, page 203

  • My Dear Eve - The Letters of Ernest Rutherford to Arthur Eve. Part II - 1909-11, Montague Cohen, page 124

Image:

  • Bétail sur le chemin de la Côte-des-Neiges Montréal vers 1900 ; source : Musée McCord

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