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Les personnages de la vie de Rutherford

Otto Hahn (1879-1968)

    Chimiste allemand désireux de faire carrière dans l'industrie, Otto Hahn avait devant lui une carrière toute tracée. Mais au moment de le recruter, la Chemische Fabrik Kalle & Co posa comme condition qu'il acquière un meilleur niveau en anglais, pour faciliter l'expansion de l'entreprise à l'étranger. Il partit donc à Londres, dans le laboratoire de William Ramsay, découvreur des gaz rares (hélium, néon, krypton, xénon... en attendant la suite) et qui devait recevoir le prix Nobel de chimie quelques semaines après l'arrivée de Hahn dans son équipe, fin 1904.

   Mais Hahn ne progressa pas uniquement dans sa connaissance de la langue de Shakespeare : sans jamais avoir manipulé la moindre matière radioactive avant de débarquer sur les bords de la Tamise, il parvint à maîtriser rapidement la technique de purification du radium mise au point par Marie Curie

    Cela intéressa Ernest Rutherford qui le fit venir à Montréal à la rentrée universitaire d'octobre 1905 (malgré ses réticences à embaucher un jeune formé par Ramsay, dont le coup d'éclat avec les gaz rares n'avait été suivi que par des idées saugrenues... qu'il essayait à chaque fois de faire passer pour l'invention du siècle).

Hahn adora cette expérience québécoise aux côtés de Rutherford, tant et si bien que la Chemische Fabrik Kalle ne le vit jamais prendre le poste qu'elle lui avait réservé.

    Le point positif pour le jeune chimiste fut qu'il développa au cours des décennies suivantes tout un pan de la science qui fut désigné par la suite comme la "chimie nucléaire" (même s'il ne faut pas oublier le rôle joué par Bertram Boltwood et Frederick Soddy dans ce domaine, ni l'aide précieuse que lui apporta la physicienne Lise Meitner, une fois qu'il fut installé à Berlin). Son investissement lui valu finalement de remporter le prix Nobel de chimie 1944, pour la découverte de la fission nucléaire ; découverte en grande partie imputable à Lise Meitner... qui ne fut pas conviée à partager cet honneur. 

Pendant la montée du nazisme et la guerre, Hahn resta en Allemagne sans adhérer aux thèses nazies (à l'opposé de Philipp von Lenard, promoteur de la Deutsche Physik, un mouvement qui s'opposait aux idées d'Einstein et des autres représentants de la "science juive") ni participer aux travaux sur la bombe atomique voulue par Hitler (au contraire de Hans Geiger) et en allant même jusqu'à aider ses  collègues juifs (contrairement, là encore à Geiger, qui ne leva pas le petit doigt pour ses propres collaborateurs). 

    Selon Albert Einstein, Otto Hahn fut « l'un des rares à se tenir droit et à faire de son mieux pendant ces années de mal ».

Images :

Meitner et Hahn 1910.jpg
Otto Hahn et Lise Meitner en 1910.jpg

   Pour revenir au séjour d'Otto Hahn au Canada, il faut aussi souligner le point négatif qui en découla : ce fut le choc qu'il ressentit en retournant à Berlin et en retrouvant l'atmosphère compassée et hiérarchisée des universités prussiennes. S'il n'avait pas connu l'ambiance chaleureuse, stimulante, égalitaire et néanmoins respectueuse instaurée par Rutherford au sein du Macdonald Physics Buiding de Montréal, il n'aurait pas souffert de ce violent contraste. 

    Comme il fallait sans douter, Hahn et Rutherford restèrent amis toute leur vie. 

bonzenfreie Kolloquium Berlin 1920 - Mei

"Bonzenfreie Kolloquium" Berlin, 1920.

Gauche à droite : Otto Stern, Wilhelm Lenz, James Franck, Rudolph Ladenburg, Paul Knipping, Niels Bohr, Ernst Wagner, Otto von Baeyer, Otto Hahn, George de Hevesy, Lise Meitner, Wilhelm Westphal, Hans Geiger, Gustav Hertz, Peter Pringsheim.

Credit: Prof. Wilhelm Westfall, courtesy AIP Emilio Segrè Visual Archives

Hevesy Geiger Meitner Hahn Chadwick Ruth

Munster, Allemagne, in 1932.

Assis (de gauche à droite) : James Chadwick, Hans Geiger, Sir Ernest Rutherford, Stefan Meyer, Karl Przibram.

Debout (de gauche à droite) : George von Hevesy, Madame Geiger, Lise Meitner, Otto Hahn.

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