Les institutions dans lesquelles
Ernest Rutherford a joué un rôle
Royal Society
Nom complet : The Royal Society of London for Improving Natural Knowledge (« Société royale de Londres pour l'amélioration des connaissances naturelles »)
Devise : Nullius in verba (« ne croire personne sur parole »)
Fondation : 28 novembre 1660
Siège : de 1873 à 1967, il était localisé à Burlington House sur Piccadilly.
Site : https://royalsociety.org/
Burlington House sur Piccadilly en 1873.
Source : Wikipédia
Burlington House sur Piccadilly à Londres à l'époque victorienne
Source : SWNS Digital
Burlington House, cour intérieure (actuellement siège de la Royal Society of Chemistry)
Source : Wikipédia
Salle de réunion de la Royal society à Burlington house en 1906
Source : Wikipédia
Devenir membre de la Royal Society (en anglais Fellow of the Royal Society, ou F.R.S.) est une consécration pour un scientifique britannique.
Il faut pour cela être présenté par des personnalités qui en font déjà partie et qui doivent justifier la raison pour laquelle la candidature qu'il propose mérite d'être acceptée.
Ernest Rutherford, alors installé à Montréal, exprimera le souhait d'y être élu en 1901 ; mais J.J. Thomson ne présentera pas son dossier : il avait déjà un autre candidat dans la manche.
En 1902, J.J. transmet enfin une demande officielle.
Mais le jeune Néo-Zélandais n'est pas admis dans la noble assemblée.
En 1903, nouvelle tentative, de nouveau soutenue par J.J. Cette fois-ci, la demande est acceptée. Le 11 juin 1903, Ernest Rutherford devient F.R.S.
Ernest est le dernier à avoir signé la colonne "1903".
Deux lignes au-dessus apparait le nom de son ami John Sealy Townsend (qui fut le deuxième étudiant étranger accueilli à Cambridge en 1895, voir sur la page de J.J. Thomson).
À la même ligne que Rutherford, dans la colonne "1902", figure la signature du mathématicien suédois Gösta Mittag-Leffler, chez qui Ernest savourera un dîner très particulier quelques années plus tard (voir sur la page de Stockholm).
En 1904, Ernest Rutherford est honoré par la Royal Society, qui lui remet la Bakerian Medal, l'une des plus hautes distinctions scientifiques britanniques, instituée en 1776. Il donnera à cette occasion une conférence sur "La succession des changements dans les corps radioactifs". En 1920, il recevra de nouveau cette médaille et le thème de son intervention sera alors la "Constitution nucléaire des atomes".
En 1922, ce sera cette fois-ci la médaille Copley, la plus prestigieuse récompense attribuée par la Royal Society (depuis 1731), qui lui sera remise, "Pour ses recherches sur la radioactivité et la structure atomique".
Enfin, vingt-deux ans après avoir été admis à la Royal Society, Ernest Rutherford en deviendra le président, du 1er décembre 1925 au 30 novembre 1930.
Ernest Rutherford, entouré d'autres responsables de la Royal Society, fin 1930.
La légende de la photographie sur le site d'origine mentionne Henry Hallett Dale (debout, à droite) et Sir Henry George Lyons (trésorier de la Royal Society de 1929 à 1939, assis à droite.
Source : Wellcome collection
British Association
Nom complet : British Association for the Advancement of Science (« Association britannique pour le progrès de la science »), communément abrégée en BA — En 2009, le nom a été modifié pour devenir British Science Association (« Association britannique pour la science »), abrégée en BSA
Devise : Sed omnia disposuisti (inspirée de "sed omnia in mensura et numero et pondere disposuisti", soit « tout dans les mesures, les nombres et les poids est ordonné »)
Fondation : 27 septembre 1831
Siège : Burlington House sur Piccadilly, à Londres (à l'époque d'Ernest Rutherford) ; Queen's Gate, Kensigton, à l'époque actuelle.
Les principes et l'organisation de la British Association étaient bien différents de ceux de la Royal Society : son objectif était de maintenir une connaissance approfondie de l'état de la science, son principal outil de communication (et d'entretien des liens entre confrères) était un colloque annuel, organisé dans une ville de l'Empire britannique (parfois au-delà des océans) et l'admission y était libre : pas d'élection, comme à la Royal society ou à la Lit & Phil, simplement la nécessité d'être invité.
Le premier contact d'Ernest avec la B.A. eut lieu en septembre 1896 à Liverpool (voir la page de cette ville pour des détails sur le colloque organisé cette année-là).
Une autre différence entre la B.A. et la R.S. était que le président de la première n'occupait cette fonction que pour une période de 12 mois et non pas cinq ans.
Ce sera par exemple J.J. Thomson qui assumera ce rôle en 1909 à Winnipeg, Arthur Schuster en 1915 à Manchester. Et ce sera le tour de Rutherford en 1923 à Liverpool.
Lit&Phil
Nom complet : The Manchester Literary and Philosophical Society (« La Société littéraire et philosophique de Manchester »).
Devise : Knowledge is power ("la connaissance est le pouvoir" ; ce qui était aussi le leitmotiv que Martha Rutherford, la mère d'Ernest, répétait à sa ribambelle d'enfants lorsqu'elle leur faisait faire leurs devoirs. Par ailleurs, les deux mots "Knowledge" et "Power" sont gravés sur les piliers du portique du Macdonald Physics building à Montréal. Cette devise doit sans doute être un principe universel... )
Fondation : 28 février 1781 (deuxième plus ancienne société savante de Grande-Bretagne après la Royal Society).
Siège : 36 George Street à l'époque de Rutherford (bâtiment détruit en 1940, rebâti en 1960, utilisé jusqu'en 1980, puis abandonné au profit de Church House, situé 90 Deansgate).
Comme son nom l'indique, la Lit & Phil n'est pas une société savante centrée uniquement sur la science. Sur son site internet on trouve d'ailleurs cette présentation :
"La Société est établie dans le but de promouvoir le progrès de l'éducation et d'accroitre l'intérêt et l'estime du public pour toute forme de littérature, de science, d'arts et d'affaires publiques."
Images :
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Le siège de la Lit&Phil au 36 George Street avant sa destruction dans un bombardement en décembre 1940. Source : Rediscovery of the Elements, Dr. James L. Marshall and Virginia R. Marshall M.Ed.
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L'ancienne bibliothèque de la Lit&Phil avant sa destruction. Source : site officiel de la Manchester Literary and Philosophical Society
Election d'Ernest Rutherford comme membre de la Manchester Literary and Philosophical Society lors de la réunion du 15 octobre 1907.
Source : Memoirs and proceedings of the Manchester Literary & Philosophical Society. Volume 52 (1907-1908)
Election d'Ernest Rutherford comme vice-president de la Manchester Literary and Philosophical Society lors de la réunion du 4 juillet 1909.
Source : Memoirs and proceedings of the Manchester Literary & Philosophical Society. Volume 53 (1908-1909)
Commission radium
Nom complet : Commission internationale des Étalons de Radium. « Radium Standard Commission »
Fondation : instituée lors du Congrès international de radiologie et d'électricité de Bruxelles en 1910.
Destinée à établir un étalon de radium qui servirait internationalement de référence pour toutes les activités (de recherche ou médicales) liées à l'utilisation de matière radioactive, cette commission comportait dès l'origine des membres des différents pays jouant un rôle dans les progrès de ce domaine au cours des quelque quinze années précédentes :
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Marie Curie et André Debierne pour la France,
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Ernest Rutherford (président) et Frederick Soddy pour l’Angleterre,
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Otto Hahn et Hans Geitel pour l’Allemagne,
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Stefan Meyer (secrétaire) et Egon von Schweidler pour l’Autriche,
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Bertram Boltwood pour les États-Unis
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Arthur Stewart Eve pour le Canada
Les français et les autrichiens sont chargés de préparer des échantillons de radium dont l'activité rayonnante sera mesurée.
Rutherford met au point une méthode de mesure et, en tant que président de la commission, secoue un peu tout le monde pour que les choses avancent.
Les deux points délicats ne sont pas d'ordre scientifiques, mais financier et "diplomatique".
Le radium coûte cher et les membres de la commission ne souhaitent pas que les nations qu'ils représentent participent à son achat : en refusant l'argent public, la commission restera indépendante des états et donc réellement internationale. La solution est donc de trouver des financements privés. Il viendront d'un proche de l'un des membres : le Docteur Beilby, qui n'est autre que le richissime beau-père de Frederick Soddy.
Sur le plan "diplomatique", il n'y a pas de tension particulière entre les chercheurs germaniques et leurs confrères anglosaxons. Les difficultés qui se dressent sont plutôt le fait de Marie Curie... face à tous les autres.
Le fait est que Marie, considérant le radium (élément chimique qu'elle a découvert en 1898) comme son "bébé", est réticente à se séparer de l'échantillon qu'elle prépare. Or, tous les membres de la commission, Rutherford et Meyer en tête, jugent que pour garantir, là encore, l'indépendance de leur organisation, l'étalon, une fois constitué, évalué et validé, ne doit pas être conservé dans les locaux de l'un ou l'une des chercheurs impliqué(e) dans le projet. La solution préconisée est de déposé l'étalon de radium au Bureau international des poids et mesures (BIPM), à Sèvres.
Il faudra donc qu'Ernest déploie des trésors de persuasion pour obtenir l'engagement de Marie Curie de ne pas garder l'étalon. Ils auront à ce sujet une très longue discussion au cours d'une soirée passée à Bruxelles lors du tout premier congrès Solvay en novembre 1911.
La validation de l'étalon de radium sera réalisé à Paris, à la Sorbonne, entre le 25 et le 28 mars 1912.
Le financement nécessaire sera obtenu par Soddy auprès de Beilby au cours de l'été suivant.
Marie Curie, accompagnée d'André Debierne, se rendra à Sèvres pour confier son "bébé" au BIPM... le 21 février 1913.
La commission internationale des étalons du radium aura ensuite pour rôle de valider les étalons nationaux requis par les pays intéressés.
Marie Curie dans son laboratoire du 12 rue Cuvier à Paris en 1913 - Source Musée Curie et Université de Paris
Exemple de certificat d'étalonnage établi pour un étalon secondaire destiné aux États-Unis et signé par Stefan Meyer, Marie Curie et Ernest Rutherford ; source : NIST
Sources :
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Les mesures en radioactivité et l’étalon du radium, Marie Curie. J. Phys. Theor. Appl., 1912, 2 (1), pp.795-826.
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Rutherford: being the life and letters of the Rt. Hon. Lord Rutherford, O.M., Arthur Stewart Eve, 1939
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Rutherford, Scientist Supreme, livre (1999) et site par John Campbell
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Rutherford's ancestors, John Campbell
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Rutherford, Simple Genius, David Wilson
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My Dear Eve... The Letters of Ernest Rutherford to Arthur Eve, 1907–1908, Montague Cohen
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Pierre et Marie Curie. Papiers. II — PAPIERS ET CORRESPONDANCE. LXXIX-CI Pierre et Marie Curie. Lettres reçues. XCVII Radiological Society - Rutherford : les courriers d'Ernest Rutherford à Marie Curie se trouvent à partir du feuillet 326, qui correspond à la page 385 de la version numérisée.
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Marie Curie, Susan Quinn
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Marie Curie, Robert Reid
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Otto Hahn : a scientific autobiography, pages 77-80
Institut international de physique Solvay
Section en cours de rédaction.
Certaines informations apparaissent déjà
sur la page consacrée à Bruxelles
Voir aussi :
Board of Invention and Research
Le Board of Invention and Research (BIR), ou "Conseil d'invention et de recherche" a été créé par la Royal Navy dans le but d'exploiter les talents des scientifiques de l'époque pour développer des moyens modernes pour combattre.
C'est dans ce cadre qu'Ernest Rutherford s'emploiera à mettre au point un système de détection des sous-marins (ancêtre du sonar), en partenariat avec les français (dont son ami Paul Langevin) et les américains.
Il mettra de ce fait ses recherches sur la radioactivité de côté (en réalité, il tentera tout de même d'avancer un peu dans ce domaine, mais il sera aussi pénalisé par l'absence de plusieurs de ses chercheurs, partis sur les champs de batailles).
Créé en 1915, le BIR sera dissous en 1918, mais pour être remplacé par un autre organisme aux attributions équivalentes, le "Department of the Director of Experiments and Research", lui-même remplacé en 1920 par le "Scientific Research and Experiment Department", lui-même remplacé etc. (toute la généalogie de ces agences officielles se trouve sur le site NavalHistoryArchive.org.)
Dès ses débuts en 1915, le BIR était dirigé par Lord Fisher (John Arbuthnot Fisher, premier Baron Fisher ou, plus trivialement, "Jackie Fisher"), un marin chevronné de 74 ans à l'époque, et portant le grade élevé d'Amiral de la flotte.
Les premières réunions, en juillet 1915, se déroulèrent dans un hôtel, le Métropole (aujourd'hui le Corinthia), mais quelques mois plus tard, le BIR prit ses quartiers dans un bâtiment de Cockspur Street, une rue reliant Pall Mall et Trafalgar Square (voir la page consacrée à Londres).
Optimiste, Fisher décida de baptiser l'endroit "Victory House".
Image :
Composition du "Conseil d'Invention et de Recherche". Liste mise à jour le 18 juin 1918.
Parmi les noms visibles sur cette page apparaissent ceux de Joseph John Thomson, d'Ernest Rutherford, de William Henry Bragg et de Robert Strutt.
Source : British Military lists / Navy lists, National Library of Scotland
Images :
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Ernest Rutherford, William Henry Bragg et Robert Strutt quittant les locaux du BIR, à Victory House, en 1915. Source : Rutherford’s war, by John Campbell, IOP
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Lord Fisher en 1917. Source : Naval-History.net.
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L'hôtel Metropole peu après son ouverture en 1885. Source : Wikipédia.
Royal Institution
Nom complet : Royal Institution of Great Britain (« Institution royale de Grande-Bretagne"), abrégée en Ri.
Devise : Science Lives Here ("la science vit ici")
Fondation : 7 mars 1799
Siège : 21 Albemarle Street à Londres (depuis juillet 1799)
Site : https://www.rigb.org/
En ce qui concerne les conférences publiques, je souhaiterais surtout présenter celle qui furent inaugurées en 1826 par Michael Faraday, alors directeur du laboratoire de la Ri : ces "Conférences du vendredi" existent encore de nos jours et sont autant un évènement scientifique que mondain, auquel assistent plusieurs centaines de personnes, rivalisant d'élégance. L'amphithéâtre qui accueille cette soirée porte le nom de Faraday et date de 1800 (même s'il a été entièrement refait en 1927 à la suite d'un incendie).
Les missions majeures de la Ri sont la recherche et la diffusion des connaissances auprès de public variés, grâce à ses ressources (bibliothèques, laboratoires) et ses diverses catégories de conférences publiques. C'est notamment dans ses locaux qu'Humphry Davy découvrit plusieurs éléments chimiques (potassium, sodium, calcium, magnésium, etc.) entre 1807 et 1809
C'est dans ce cadre que le 30 avril 1897, J.J. Thomson annonce la découverte de l'électron, premier constituant de l'atome à être mis en évidence. Six ans plus tard, le vendredi 19 juin 1903, c'est Pierre et Marie Curie qui sont à l'honneur. Marie, étant une femme, ne fut pas autorisée à s'exprimer, et c'est donc Pierre seul qui fit une présentation de leurs travaux, sous le simple titre "Le Radium". Il insista cependant tout au long de son intervention (réalisée en français) pour rappeler le rôle fondamental que Marie avait joué dans la découverte du radium et du polonium, deux nouveaux éléments chimiques, à la puissance radioactive bien supérieure à celle de l'uranium.
Pour Marie, ce 19 juin fut aussi l'occasion de rencontrer Lord Kelvin, assis à côté d'elle pendant la conférence et qui fut émerveillé comme un enfant par l'échantillon de radium que lui remit Pierre Curie ; mais elle fit surtout la connaissance d'une physicienne britannique du nom d'Hertha Ayrton. Ayant des origines polonaises et parlant un excellent français (et étant elle aussi une victime du machisme du monde de la science) Hertha devint une amie fidèle de Marie.
Ernest Rutherford eut lui aussi l'occasion de faire des conférences du vendredi, en mars 1904, en juin 1915, en juin 1919...
Il participa également aux missions éducatives de la Ri en tant que Professeur de Philosophie Naturelle de 1921 à 1937.
Son ami William Henry Bragg occupa le poste de Directeur du Laboratoire de Recherche Davy-Faraday (et "Superintendent of the House") de 1923 à sa mort en 1942. Son fils, William Lawrence Bragg, prit en charge cette double fonction à son tour de 1953 à 1966, après avoir assumé la succession de Rutherford à Manchester en 1919, puis à Cambridge en 1938.
Images :
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Façade de la Royal institution vers 1891. Source : Michael Faraday : Man of Science, Walter Jerrold.
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Faraday delivering a Christmas Lecture at the Royal Institution in 1856. Source : Wikipédia.
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Première page de la conférence de Pierre Curie du 19 juin 1903. Source : Royal Institution.
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Friday Evening Discourse at the RI - Sir James Dewar on Liquid Hydrogen - by Henry Jamyn Brooks. Source : Wikipédia.
Sources :
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Michael Faraday : Man of Science, Walter Jerrold. 1891
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The collected papers of Lord Rutherford of Nelson, part I, page 641
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The collected papers of Lord Rutherford of Nelson, part II, page 494
L'artiste a pris quelques libertés par rapport à la réalité, intégrant dans son tableau des personnalités qui n'étaient peut-être pas présentes à cette conférence.
Un habitué était Lord Kelvin, représenté sur la gauche et en partie camouflé par son épouse, Lady Fanny.
Une autre figure majeure était Arthur Balfour, premier ministre de 1902 à 1905, mais qui occupa bien d'autres postes à responsabilités : il est assis au premier rang, du côté gauche de l'assemblée, à quatre places de Lord Kelvin et devant une dame à la robe violette
Dans le groupe de droite, un visage imberbe placé à côté d'un homme chauve et barbu, lui même voisin d'une dame vêtue de rouge, est celui de Guglielmo Marconi, qui aurait pu être présent à cette soirée puisqu'il exerçait déjà en Angleterre à cette époque.
Academic Assistance Council
Section en cours de rédaction.
Certaines informations apparaissent déjà
sur la page consacrée à Albert Einstein
Image :
Ernest Rutherford s'exprimant devant Albert Einstein durant lors du colloque de l'AAC au Royal Albert Hall (3 octobre 1933).
Source : Passing Time