Les lieux habités ou visités par Rutherford
Cambridge
(première période)
Images :
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Entrée du laboratoire Cavendish - Source : Wikipédia
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Lettre de J.J. Thomson à Rutherford du 24 septembre 1895, Source : Cavendish Laboratory University of Cambridge
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J. J. Thomson dans son bureau au laboratoire Cavendish. Source : AIP.
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J.J. Thomson et les étudiants du laboratoire Cavendish, 1898. Source : Cambridge University Digital Library
Lorsqu'il débarque en Angleterre à la fin du mois de septembre 1895, Ernest Rutherford est l'heureux détenteur d'une bourse au mérite, obtenue pour le travail qu'il a réalisé à Christchurch (la bourse dite de l'Exposition de 1851).
Il a aussi quelques sous en poche, puisque son frère George lui a prêté un peu d'argent avant qu'il quitte la Nouvelle-Zélande. Mais à part ça, il n'a rien ; pas même une piste pour savoir dans quelques laboratoire il va continuer ses recherches.
Séjournant temporairement à Londres, il écrit au patron du meilleur département de physique expérimentale de l'Empire : le laboratoire Cavendish de Cambridge.
Son correspondant ne tarde pas à lui écrire. Il se nomme John Joseph Thomson. Entre ces deux hommes commence alors une relation, faite de respect et d'admiration réciproque, qui durera quarante deux ans.
Dès ses début à Cambridge, Ernest se lance dans l'étude des ondes électro-magnétiques, en développant notamment un récepteur magnétique.
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Les utilisations potentielles de cet instrument, notamment pour communiquer avec des bateaux par temps de brouillard, assure rapidement à Ernest une petite notoriété dans les divers colleges de la ville.
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Il est notamment invité à dîner à la table d'honneur du King's College au début de l'année 1896. Il siège alors aux côtés du Principal, un petit-neveu de Jane Austen. Ernest n'a que 25 ans et se sent comme un "âne dans la peau de lion", comme il l'écrit à sa fiancée, May.
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Rapidement, cependant, JJ Thomson l'invite à se pencher sur d'autres phénomènes : les ultraviolets, puis les rayons X, puis les rayons de Becquerel.
Ces deux derniers types de rayonnements, découverts respectivement en 1895 et 1896, méritent que l'on s'y attarde : ils semblent détenir des pouvoirs très particuliers... et personne ne connait rien à leur sujet.
Défricher un domaine inconnu est un défi qui plait énormément à Ernest.
Il n'est pourtant pas le seul à tenter de décrypter les mystères des rayonnements de Becquerel (il laisse les rayons X de côté assez vite) : en France, une chercheuse d'origine polonaise, aidée de son mari, s'est lancée dans un travail de titan : déterminer si les rayonnements mis en évidence par Becquerel n'existent que dans l'uranium. Elle se nomme Marie Curie et elle trouve en 1898 que le thorium possède le même pouvoir que l'uranium ; avant de découvrir deux éléments encore plus puissants et totalement inconnus jusqu'alors.
Puisqu'elle les a identifiés la première, elle a le droit de les baptiser : elle nommera le premier polonium et le second radium. Elle en profitera aussi pour inventer un terme qui désignera ce nouveau champ de recherche dans lequel elle s'est engagée : la radioactivité.
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La même année, Rutherford ajoute deux mots au lexique de cette discipline scientifique dont les Curie et lui-même constituent les pionniers. Il prouve en effet que les "rayons de Becquerel" sont de deux types : il les désigne par les deux premières lettres de l'alphabet grec, alpha et bêta.
Ses premiers succès lui vaudront d'être sélectionné pour devenir professeur de physique à l'Université McGill de Montréal... seulement trois ans après son arrivée à Cambridge.
Mais ses liens avec la ville universitaire anglaise ne se sont pas pour autant achevés en 1898 : non seulement il y a créée des amitiés durables (avec J.J. Thomson, mais aussi Richard MacLaurin, Paul Langevin, John Sealy Townsend, CTR Wilson...), mais, surtout, il y reviendra 21 ans plus tard... avec de tout autres fonctions.
Sur la photographie des étudiants-chercheurs du Cavendish de 1898, on reconnait J.J. Thomson au premier rang, au centre. A sa droite se tient Paul Langevin, tandis qu'Ernest Rutherford est juste derrière lui. CTR Wilson est derrière Langevin. Ces quatre personnages apparaissent sur la couverture du premier tome de ma biographie d'Ernest Rutherford, parue le jour de son 150e anniversaire (pour plus d'informations, voir la page "Roman").
Galerie d'images de l'université de Cambridge
Légendes :
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Plans des trois niveaux du laboratoire Cavendish, annotés par James Clerk Maxwell. Source : Cavendish Laboratory University of Cambridge
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Grande cour de Trinity College - Source : Wikipédia
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Salle à manger de King's College, époque actuelle. Source : University Rooms
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Diner à King's College vers 1900. Source : site officiel de King's College.