Les objets de la vie de Rutherford
La musique
Ernest Rutherford n'était pas un grand amateur de musique, contrairement à May, qui jouait du piano. Il reconnaissait lui-même ne pas s'y connaître et préférer les airs entrainant, comme les marches, plutôt que les pièces raffinées.
Il appréciait pourtant d'écouter May jouer et se laissait souvent lui-même aller à chanter ; et surtout des cantiques.
Pourtant, il n'était pas religieux du tout, même s'il avait été élevé dans la religion chrétienne de ses parents et s'était marié à l'église (à la demande de May).
Cela étant, le plus gênant n'était pas qu'il prononce des paroles auxquelles il ne croyait pas : bien pire était le fait qu'il chantait effroyablement faux. Mais personne n'osa jamais le lui signaler.
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Il faut dire que lorsqu'il commençait à entonner ces airs religieux, c'était bien souvent pour exprimer sa joie, face à une découverte impressionnante de l'un de ses collaborateurs ou parce qu'il venait d'entendre une anecdote qui l'amusait.
Son cantique préféré était "En avant Soldats du Christ" (Onward Christian Soldiers).
Il n'existe pas d'enregistrement de l'interprétation de Rutherford (ce qui vaut sans doute mieux).
Je vous propose une version chorale, plus respectueuses de la partition, mais qui donne tout de même une bonne idée du rythme martial de cet air.
Et pour conclure, il faut surtout retenir le premier mot de ce texte : onward ! En avant ! Leitmotiv de toute l'existence d'Ernest Rutherford. Contre vents et marées, dans le bonheur ou les épreuves : en avant !
Cela étant, même sans être mélomane, Ernest participa à une manifestation musicale. Elle eut lieu dans l’après-midi du 28 novembre 1909 à New Islington, un faubourg de Manchester.
Depuis l'obtention de son prix Nobel l'année précédente, Rutherford avait accéder à une indéniable notoriété ; et les invitations à s'exprimer devant le public se multipliaient. Ce dimanche-là, lui fut donné de nouveau l’occasion d’évoquer la théorie atomique qu’il avait déjà exposée en juin à Londres et en août à Winnipeg.
En prélude à son intervention et après qu’il l'eut achevée, l'audience rassemblée dans le New Islington Hall put entendre Madame Jean Sadler-Fogg. Cette chanteuse à la tessiture de soprano offrit au public quelques airs de Schubert et de Mendelssohn. Elle était accompagnée au piano par son mari, Charles Fogg, organiste du célèbre orchestre Hallé de Manchester et également compositeur. Quelques passages de ses œuvres ainsi que des pièces de Joseph Haydn furent ensuite interprétés avec le concours du quatuor de cordes de Madame Edith Robinson.
Selon le biographe de Rutherford, Arthur Stewart Eve, l'un des airs chantés par Mme Sadler Fogg fut "Who is Sylvia?" de Schubert et Mme Robinson et ses acolytes interprétèrent, entre autres, le quatuor à cordes en sol majeur de Haydn.
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Sources :
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Rutherford: recollections of the Cambridge days, Mark Oliphant, page 123.
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Rutherford and the nature of the atom, Edward Neville da Costa Andrade, page 127
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The Guardian - Tue, Nov 30, 1909 - Page 13
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Biography of Isobel Baillie : « Her teacher was Madame Jean Sadler-Fogg, a former pupil of Blanche Marchesi »
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Rutherford: being the life and letters of the Rt. Hon. Lord Rutherford, Arthur Stewart, page 189
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Jean Sadler-Fogg : répertoire entre 1900 et 1909 (est mentionné "Elijah" (Elias), de Mendelssohn, en 1903).